Mystery Express
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Vous pensiez prendre un repos mérité à bord du train le plus prestigieux de la Belle Époque: l'Orient Express. Mais quelques minutes après le départ du train, une nouvelle terrible se répand dans ses coursives: un meurtre a été commis, mais on ne sait ni par qui, ni pourquoi!
Un jeu de Antoine Bauza, Serge Laget,
illustré par Julien Delval,
édité par Days of Wonder (2010)
| Disponibilité: | Plus disponible à la vente |
Vue du jeu dans son ensemble
La publication d’un jeu Days of Wonder est toujours un événement excitant pour les amateurs de beaux jeux. Mystery Express se présente dans le style que l’éditeur affectionne : les jeux à la frontière entre ce que l’on qualifie de « jeu familial » et de « jeu pour gros joueurs ». C’est un jeu sophistiqué mais qui reste accessible grâce à la cohérence de son thème et au plaisir que l’on a à regarder les illustrations et manipuler le matériel. De la première qualité comme « Days » sait le faire.
Un suspense à la Agatha Christie - Mystery Express vous invite à vivre une aventure sur un thème largement inspiré du « Crime de l’Orient Express » d’Agatha Christie.
Pensant profiter d’un repos bien mérité, vous embarquez à bord du train prestigieux pour une « croisière » vers Istanbul. Le voyage a à peine commencé qu’un crime est commis. Un groupe de passagers décide de prendre l’enquête en main. Ces enquêteurs, ce sont vous, les joueurs.
Au cours du voyage, vous tenterez de déterminer cinq éléments du crime : le coupable, le mobile, le modus operandi, le wagon et l’heure du crime. Les quatre premiers éléments se découvrent en parcourant les wagons, en interrogeant les passagers, en discutant avec le contrôleur, en échangeant ou en pillant les informations des autres enquêteurs. Le cinquième élément (rien à voir avec Luc Besson) se découvre d’une manière plus surprenante : c’est un mini-jeu dans le jeu, qui fait appel à l’observation, la logique et la mémoire.
A l’arrivée du train à Istanbul, après un long périple parsemé d’événements qui rythment la partie, chaque enquêteur révèle les éléments qu’il a identifiés. Le suspense est à son comble. Les enquêteurs dévoilent les éléments recherchés l’un après l’autre. Certains crient de joie et d’autres couinent.
En cas d’égalité, on consulte les télégrammes pour départager les ex-æquo. Les télégrammes, ce sont des billets que chaque enquêteur rédige durant l’étape de Budapest (celle qui précède Istanbul), où il consigne secrètement les conclusions partielles de l’enquête.
Et si plusieurs joueurs sont encore à égalité, alors ils pourront se retrouver autour d’un verre pour célébrer le succès du mystère élucidé !
Zoom sur la mécanique du jeu - Le jeu est rythmé par le voyage du train de Paris à Istanbul. L’itinéraire du voyage est illustré sur le plateau de jeu et des icones rappellent tous les événements qui se produisent. Entre les villes étapes, les joueurs ont de 4 à 5 heures (virtuelles) pour enquêter dans le train, en voyageant d’un wagon à l’autre. Le train et ses wagons sont illustrés sur le plateau de jeu ; des icones rappellent les actions possibles dans chaque wagon et leur durée.
Lors des arrêts dans les villes étapes, les indications du plateau décrivent les événements qui se produisent : mini-jeu pour découvrir l’heure du crime, déplacement du contrôleur dans un nouveau wagon, montée de nouveaux passagers, échanges d’informations, écriture d’un télégramme. On n’a pas le temps de s’ennuyer !
Élémentaire, mon cher Poirot ! - Les éléments du crime « coupable », « mobile », « modus operandi » et « wagon » sont groupés dans un jeu de cartes. Chaque élément est présent dans le jeu de cartes en deux exemplaires. Au début de la partie, les joueurs retirent une carte de chaque type et les glissent sous le plateau. L’enquête consistera donc à trouver les cartes isolées, présentes en un seul exemplaire dans le jeu de cartes.
Les joueurs ont chacun une feuille d’enquête, sur laquelle ils consignent secrètement leurs déductions. En vous y prenant bien, vous pouvez y noter les cartes que vous avez vues, de quel joueur vous les avez vues, et éventuellement à quel joueur vous les avez montrées ou données.
L’idée géniale est que chaque carte vue par un joueur dans un tour (qu’elle ait été piochée, montrée ou volée) doit être rangée sur la table, face cachée, sous le jeton de couleur de son propriétaire. Ainsi est-on sûr qu’une même carte n’est pas montrée deux fois dans le même tour. Et donc, si vous voyez deux fois le même indice au cours d’un tour de jeu (par exemple, le wagon « bar »), ce sont forcément deux cartes différentes, et vous pouvez ainsi le rayer des indices suspects sur votre feuille d’enquête.
L’autre belle idée du jeu, c’est que le dos des cartes est coloré selon le type d’indice. Ainsi, vous connaissez le type d’indice que possèdent vos adversaires, et donc vous savez quel joueur « viser » pour obtenir des informations utiles à votre enquête.
Un jeu-récit - Antoine Bauza et Serge Laget ont fait fort. Ils ont construit une règle de jeu qui fait vivre la partie comme un film à rebondissements.
Le jeu n’est pas léger pour autant. C’est un vrai jeu de réflexion et déduction, mais les amateurs du genre se régaleront.
La plupart des jeux d’enquête ont un talon d’Achille : une seule erreur d’un joueur peut bouleverser toute la déduction des autres joueurs. Au Cluedo, par exemple, si un joueur déclare par erreur ne pas avoir de Chandelier, alors les autres joueurs partiront d’office sur une mauvaise piste. Ce genre d’erreur ne peut pas se produire dans Mystery Express. Si je demande une carte noire à un joueur, je sais nécessairement qu’il en possède une en main, puisque le dos des cartes est coloré.
Le seul point d’attention de Mystery Express est qu’il faut replacer chaque carte devant soi, face cachée, une fois qu’elle a été présentée, de manière à garantir que cette carte ne sera pas présentée une seconde fois au cours du tour de jeu. Mais l’avantage ici, c’est que l’action peut être surveillée par tous les joueurs, ce qui élimine le risque d’erreur.
Le matériel - Le matériel est un nouveau coup de maître de Days of Wonder. Pour couronner la règle du jeu immersive, Julien Delval, l’illustrateur chouchou de l’éditeur, a fait des merveilles pour plonger les joueurs dans le thème du luxe bourgeois de l’Orient Express. Tous les éléments sont réunis pour vivre une belle aventure.
Et en pratique, ça donne quoi ? - Et bien en pratique, ça donne un régal de jeu d’enquête, qui surpasse tous les jeux d’enquête similaire que j’ai connu. Tous les ingrédients sont réunis pour passer un bon moment : un scénario dynamique, un thème parfait pour le style de jeu, des illustrations réussies, des figurines joliment finies.
Attention, il faut être amateur du genre, aimer se concentrer sérieusement pendant deux heures sur une feuille pleine de notes personnelles pour tirer des déductions. Mais si c’est votre cas (comme c'est le mien), alors Mystery Express est une grande réussite.
Les raisons d'aimer
- Un thème excellent pour ce type de jeu
- Un scénario plein d’événements qui rythment la partie
- Un graphisme et un matériel qui forcent le respect
- Des actions variées pour mener l’enquête
- Une mécanique qui évite les erreurs d’enquête provoquées par une erreur d’un joueur
- En gros, un régal pour amateurs de déduction
On pourra reprocher
- C’est du sérieux en terme de déduction, et ce n’est pas court de surcroît, vous avez donc intérêt à aimer ça.
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