Andor, c'est un peu la soupe à la grimace. On croit avoir affaire à un bon jeu d'exploration, à la mode héroic-fantasy, sur fond d'une trame scénaristique bien troussée, et au final, on a un rubik's cube.
Le jeu n'est pas désagréable, le matériel est vraiment soigné, il y a beaucoup de pions et d'accessoires (ce qui allonge tout de même la durée d'installation et de rangement), le plateau est beau. Mais... après quelques parties, le soufflé retombe bien vite. Parce que vous pouvez rater votre scénario parce que votre personnage n'a pas eu de chance au dés/le monstre a eu de la chance aux dés et que votre combat s'est un peu trop éternisé, ce qui fait que vous n'avez pas le temps de retarder les renforts qui arrivent, oui parce qu'il faut baffer des monstres, mais pas trop (sérieusement!). Et là, je veux bien qu'on mette des deadlines pour imposer un peu de stress dans la partie, mais la liberté est où finalement? Et la tolérance de jeu, de fun, laissée aux joueurs? Pourquoi je ne peux pas finir le petit orc qui traine là-bas? Où est le côté épique?
Je n'ai pas eu l'impression de vivre une aventure avec mon personnage, j'ai eu l'impression d'optimiser mes actions pour résoudre un casse-tête, donc le scénario. Le jeu est beaucoup trop calculatoire, directif. La marge de manœuvre est trop limitée. Il faut aimer finalement ces discussions d'optimisation entre joueurs pour avancer correctement dans le scénario, mais dans un jeu aussi narratif, ce n'est pas vraiment ce que j'en attends. Autant lire un bouquin dans ce cas. Même un Livre Dont Vous Etes le Héros est plus fun.
Si vous voulez vivre l'aventure, vous perdez, finalement.
La conséquence de ce côté calculatoire, c'est que ça va accentuer le point noir à éviter dans tout jeu coopératif: le leader. Le joueur qui va calculer, optimiser plus vite que les autres et qui va donc diriger le reste du groupe. Déjà qu'on est dirigé par l'histoire, si en plus un autre joueur joue à notre place et qu'on n'a plus qu'à lancer les dés, autant faire un Monopoly.
Deuxième conséquence, c'est que le jeu en devient froid et je ne suis pas arrivé à rentrer dedans, pas d'immersion.
Sinon, les scénarios ont tout de même l'intérêt d'être progressifs dans l'apprentissage des règles, ce qui en fait un plus. En parlant des scénarios, se pose donc légitimement la question de la rejouabilité. En même temps, si vous voulez initier de nouveaux joueurs, il vaut mieux recommencer depuis le début pour bien faire assimiler les mécaniques.
Il y a même des scénarios téléchargeables en français pour ceux qui souhaitent poursuivre l'expérience. Et des extensions à foison, preuve que le public est là.
L'aventure s'arrête ici pour moi, mais pour les plus obstinés ou les fans du genre, c'est du tout bon. Le jeu n'est pas à conseiller à tout le monde, et il convient de savoir où on met les pieds avant de se lancer. On n'est pas dans le jeu où il faut poutrer le plus de monstres possible (pas de souffle épique), mais plutôt dans un jeu de gestion où il faut prévoir et anticiper les mouvements des monstres et des saletés qui peuvent arriver derrière (plus facile si tu connais le scénario). L'emballage ne fait pas forcément penser à ça.
Nombre de parties: quelques parties jouées (2-5)
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