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24/04/2004: Reportage de la 7ème soirée Jeux de NIM

Que voilà un jeu qui respire les vacances. Maka Bana nous invite sur un île pacifique, autrefois paradisiaque et tranquille, mais repérée par des joueurs-promoteurs immobiliers avides d'installer des concentrations de paillotes sur les plus belles plages de l'île. Les joueurs préparent leur projet de construction en secret, et tentent de bloquer les projets adverses sur base d'un indice partiel des intentions de constructions. Maka Bana est le premier jeu publié de François Haffner, au thème et à la mécaniques particulièrement réussis, abordable à tout public.

Et voici la première nouveauté de la soirée, Mystère à l'abbaye, qui a fait beaucoup parler de lui. Il s'agit d'un jeu d'enquête, lointain successeur du classique Cluedo, qui invite des moines à parcourir une abbaye à la recherche du coupable d'un meurtre parmi 24 suspects. Les enquêteurs fouillent les cellules, se rendent au parloir ou au confessionnal, déchiffrent les livres du scriptorium ou de la bibliothèque, interrogent, révèlent ou accusent. Les messes ponctuent la partie, au cours desquelles les joueurs se retrouvent à l'église et doivent s'échanger des cartes de suspects. Lorsqu'ils se rencontrent, les enquêteurs peuvent s'interroger mutuellement et publiquement (par exemple: "Combien de pères franciscains possèdes-tu en main?" ou "Combien de frères bénédictins as-tu rayé de ta liste des suspects?").

Les 5 joueurs sur la photo ne connaissaient pas le jeu auparavant. J'ai expliqué le jeu, en soulignant l'importance de la pertinence des questions lors des interrogatoires, ainsi que l'importance d'une prise de note correcte (par exemple, marquer distinctement les cartes suspects réellement reçues de celles "déduites", marquer les cartes échangées lors des messes).

Les joueurs ont été déçus de la partie, qui a duré 3 heures. Avec la frustration d'avoir trouvé le coupable tous ensemble, et de voir la victoire raflée sur un coup de bol: ce fût le premier qui atteignit la salle des chapitres (où se font les accusations) qui l'emporta. Un sentiment que les cartes qui tournent lors des messes sèment le chaos et réduisent les prises de notes à néant.



Les enseignements que l'on peut en tirer sont:

  • L'art de l'interrogatoire est complexe. Las de n'avoir pas trouvé de questions pertinentes, les joueurs ont terminé la partie avec des questions très (trop) précises du genre: "As-tu frère Jacques?". Cela explique la fin de partie aléatoire puisque tout le monde a reçu les mêmes informations et donc éliminé les mêmes suspects. J'ai deux commentaires à formuler:
    • Les joueurs s'attendent un peu trop à des questions/ réponses "miracles" qui les distancient définitivement de la concurrence. Je crois que l'on ne prend jamais de distance significative sur une seule question. Tout au plus, on élimine une carte de plus que les adversaires, et c'est uniquement à force de pertinence sur plusieurs questions que l'on crée réellement la distance.
    • Les joueurs se braquent trop sur le nom, l'ordre et le rang, qui sont les plus clairement représentés sur les fiches de suspects, et pas assez sur les autres caractéristiques (capuche, barbe, corpulence). Monsieur Pierre-Nicolas Lapointe a créé de nouvelles fiches de suspects beaucoup plus lisibles que je proposerai lors des prochaines soirées.
  • L'art de la rotation des cartes lors des messes est complexe. D'une part, la rotation apporte des informations, puisque le joueur à votre droite vous passe un nombre de cartes de sa propre main, alors que vous en passez au joueur situé à votre gauche. D'autre part, la rotation crée un chaos sur l'information que vous avez collectée. Par exemple, si B me dit qu'il possède un père hospitalier avant la messe, et qu'après cette messe C me dit qu'il possède également un père hospitalier, je ne sais pas s'il s'agit du même père ou d'un autre. Je formule encore deux commentaires/conseils à ce propos:
    • Par rapport à la diffusion de l'information, il est partiellement possible de gérer l'information passée aux adversaires. Deux tactiques pour cela. La première consiste à choisir en main une ou deux cartes que l'on ne fera jamais tourner lors des messes, et que l'on s'arrangera pour ne jamais révéler. Cela empêche les adversaires d'éliminer ces suspects (autrement que par déduction) et les ralentit dans leur enquête. La deuxième consiste à s'obstiner sur votre adversaire de gauche lorsqu'il y a des cartes à dérober afin de simplement les lui rendre lors de la prochaine messe. Cela réduit le nombre de nouveaux indices que vous dévoilez lors de la messe. Enfin, il est bon de collecter soi-même un maximum d'indices en se rendant souvent au parloir en début de partie.
    • Par rapport à la collecte d'information, on rejoint l'art de l'interrogatoire. Par exemple, arrangez-vous pour récolter un maximum d'information à l'intérieur même d'une messe. Si vous interrogez autour d'une messe, ne le faites pas en "descendant" mais en "montant" dans l'ordre des joueurs. Par exemple, poser une même question à B avant la messe puis à C après la messe n'est pas efficace, alors que la poser à C puis à B est réellement informatif, puisque C n'a pas passé de cartes à B. Concentrez-vous sur l'interrogatoire du joueur qui vous suit: profitez de la connaissance que vous avez des cartes que vous lui avez passées. Et enfin, la règle de base, qui a l'air drôle en théorie mais est pertinente en pratique, c'est: "Est-ce que la question que je pose peut m'informer?" Faites l'essai!
  • Enfin, il est possible que les commentaires précédents ne résolvent pas le "problème" de la durée. Je crois que je ne proposerai Mystère à l'abbaye qu'à des groupes de 3 ou 4 joueurs tant qu'une certaine expertise n'aura pas été acquise.

Unanimo est en quelque sorte la coqueluche du club, car son succès est constant. Le carnet de fiches original est épuisé depuis très longtemps, nous avions fait un épais paquet de copies des fiches qui sont de nouveau épuisées. Comme j'aime à le répéter, Unanimo est un jeu créatif et intergénérationnel par excellence. Carine en a discuté avec une institutrice, qui a décidé d'en acquérir un exemplaire pour y faire jouer sa classe. Le jeu fait appel à la réflexion, l'imagination et, pour les enfants, permet de pratiquer l'orthographe dans un contexte ludique.

Émilie et Clémence jouent à Bombay bazar, un succès indémodable de nos soirées auprès des enfants. Même les adultes trouvent du plaisir à "tricoter" des trompes d'éléphants. C'est un jeu de connexion tout simple, mais qui apprend aux enfants à structurer l'occupation de l'espace.